Le style gothique fût une véritable révolution architecturale au Moyen-Age. Elle éclipsa progressivement l’art roman, se caractérisant par les nouvelles techniques de la croisée d’ogive, les arcs-boutants supportant l’édifice et ses vitraux. Avec la cathédrale de Rouen, Troyes présente des vitraux d’une qualité rare. Si les origines de la christianisation dans la région troyenne sont incertaines par manque d’archives parlantes, nous retiendrons la légende selon laquelle Saint Savinien, évêque de Sens (Yonne) aurait envoyé un certain Saint-Potentien, établir un lieu de culte. D’autres sources évoquent la conversion des premiers chrétiens vers 259-260.
De l’évêché à la cathédrale
Possédant plus tard un évêché, il était naturel qu’une cathédrale y soit construite et comme bien souvent, sur d’anciens lieux de cultes. La cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Troyes, est réalisée entre le XIIIe siècle et le XVIIe siècle. Elle est répertoriée aux Monuments de France depuis 1862. En 1188, un incendie ravage la ville et détruit une partie de l’édifice. C’est cet évènement qui conduit la cathédrale à son véritable style « gothique », vers l’an 1200. C’est alors que commence la renommée des vitraux de la cathédrale, considérée comme le lieu d’expression le plus parfait des Maitres-Verriers dont la technique est incomparable. Les vitraux de Troyes sont aussi époustouflants que ceux de Chartres. Ils décrivent bien entendu des scènes des « Ancien » et « Nouveau » Testaments comme sur les vitraux du « Chœur ». A chaque siècle, une évolution s’opère. Aujourd’hui 1500m2 de surface vitrée se révèlent au public. Les vitraux de la chapelle de la nef sont élaborés au XIVème siècle, de même que ceux du transept évoquant Saint Jean ou Saint Michel. La « rose » nord du transept est produite et installée en 1408 par Guiot Brisetour. Un seul vitrail du XIIème est conservé, acheté par la ville en 1974. Les comtes de Champagne financèrent largement les opérations : ils attirèrent ainsi des intellectuels et artistes.
Sauvegarde Patrimoniale
Chaque siècle dépose sa marque de fabrique sur les vitraux de la cathédrale. On observe des évolutions notables et déjà en ces temps d’effervescence artistique, on procède à certaines restaurations. L’évolution de l’architecture engendre celle du vitrail. On cherche la lumière, la lumière de Dieu. Toujours au XIVème siècle, on travaille sur la perspective. Une nouvelle couleur, symboliquement de défiance dans l’esprit de l’époque et pour diverses raisons, fait son apparition : C’est le jaune argent. La cathédrale va plus tard bénéficier du temps de l’apogée du vitrail en Champagne, entre 1480 et 1550/80. Les couleurs partagent la surface avec le gris qui figure toujours à la fin du XVIème siècle sur les créations principales.
En 2013, la ville a inauguré « La Cité du Vitrail » qui est devenue un espace permanent d’exposition et de visite. Ce lieu s’affiche clairement et avec raison comme un lieu de savoir pédagogique et culturel sur cet art remarquable et difficile. Sur initiative du Conseil Général, le caractère ludique de l’exposition et la savante démarche des parcours (bornes interactives, vidéo, visites guidées) ne peuvent que susciter la curiosité, suscitant déjà le bénévolat et des vocations professionnelles. C’est tout un département, convaincu à juste titre de l’importance de son patrimoine, qui offre aux visiteurs une excellence exemplaire.
